Nous avons eu l'opportunité de tester Le Seigneur des Anneaux Gollum qui comme son nom l'indique permet d'incarner l'un des personnages les plus célèbres de la saga de Tolkien. Est-ce suffisant pour en faire un bon titre ?
On connaît le studio Daedalic Entertainment pour être une équipe souvent très inspirée, on se souvient par exemple de l'excellent Les Piliers de la Terre en 2017. Il était donc légitime de penser que le jeu Seigneur des Anneaux Gollum allait recevoir un traitement digne de ce nom, d'autant qu'il s'attaque à l'un des personnages les plus cultes de la saga de J. R. R. Tolkien, à savoir Sméagol. Pour mémoire, Sméagol était autrefois un Hobbit, mais il a été corrompu par l'anneau de pouvoir, appelé l'Anneau unique. Comme on peut le comprendre dans les romans mais aussi dans les films de Peter Jackson, l'anneau a prolongé sa vie, mais a également transformé son apparence et sa personnalité en une créature hideuse au nom de Gollum. Celui-ci est littéralement obsédé par l'Anneau et en devient son gardien, le cachant dans les profondeurs des montagnes des Terres du Milieu pendant des siècles. Son esprit est profondément divisé entre sa personnalité originale, Sméagol, qui conserve une certaine humanité, et la personnalité perverse et avide de Gollum. Et cela ne va pas en s'arrangeant quand Gollum est torturé par les serviteurs de Sauron dans la province de Barad-dûr. La créature y devient encore plus folle et perd totalement l’esprit.
Gollum, un scénario entre deux chaises
D'emblée on ne sait pas trop sur quel pied danser avec Seigneur des Anneaux Gollum car il est bon de rappeler que le jeu n’est canon ni aux films de Peter Jackson, ni aux écrits de J. R. R. Tolkien. Certes Daedalic Entertainment a voulu éviter les incohérences, mais on aurait tout de même aimé un respect plus... intégral de l'œuvre originale même s'il fallait évidemment faire des concessions pour le bien du jeu vidéo. Grossièrement il est important de savoir que le titre se déroule peu de temps après le Hobbit, avant la trilogie du Seigneur des Anneaux. Durant cette période assez sombre où Sauron est en train de rassembler des forces en secret et où le royaume des Hommes est au plus mal. Toute la Terre du Milieu est en train de subir la corruption des forces du Mal et ça Gollum le sait bien. Le jeu a donc une lourde responsabilité sur les épaules, occuper 70 ans de mystères entre la quête de Bilbon Sacquet et celle de Frodon. Il en ressort au fil des heures de jeu, un sentiment assez mitigé à ce propos.
On sent que des efforts ont été fait du côté des dialogues, notre version de test jouissant en plus du DLCSindarin permettant aux elfes de parler, avec un doublage intégral, en elfique (ce qui avec un peu de recul est assez honteux en terme de contenu supplémentaire). Cela permet une immersion plus grande dans le monde de Tolkien et permet de brosser dans le sens du poil les fans de l'écrivain britannique. Mais hélas les cinématiques assez abrupts qui tentent de mettre en image Gollum ne sont pas vraiment à la hauteur. Les dialogues sont bons et les jeux d'acteur à la hauteur mais l'enrobage peine à convaincre. Techniquement c'est assez vilain, et le jeu se rattrape finalement sur le côté artistique, qui pioche ici et là de très bonnes idées dans les magnifiques illustrations de John Howe et Alan Lee qui subliment certaines éditions des romans. Gollum en lui même est assez réussi dans sa représentation avec un aspect squelettique très proche des descriptions de Tolkien. Hélas les nombreuses errances techniques, allant des textures un peu baveuses aux animations pas toujours franchement reluisantes, laissent un goût amer à l'ensemble. Ce n'est pas un canon de beauté et le gameplay a du mal à faire oublier les faiblesses visuelles.
Styx avec un skin Gollum ?
Le Seigneur des Anneaux : Gollum s'inspire très largement d'un certain Styx en matière de gameplay, à savoir un genre à mi-chemin entre l'infiltration et l'action dans laquelle la furtivité est essentielle pour progresser. Gollum n’ayant pas la force d'un homme et encore moins d'un elfe, doit en effet faire preuve de fourberie pour espérer survivre. Il se faufile dans l’ombre, distrait l'attention des gardes ou passe par un chemin détourné pour atteindre son objectif. D'ailleurs et c'est surement le gros point fort du jeu, l'exploration est au cœur de l'expérience et elle permet aux fans de Tolkien de se plonger dans les lieux les plus iconiques de la saga comme Barad-dûr que l'on a pu citer plus haut ou encore les royaumes sylvestres. Incarner Gollum était une porte d'entrée formidable pour aménager un gameplay très Parkour façon Assassin's Creed mais hélas une nouvelle fois les bonnes idées se heurtent à un mur de faiblesses techniques et en l'occurrence ici une façade extrêmement rigide. Les mouvements de Gollum ne sont pas très fluides et on peste souvent du manque d'interactivité avec l'environnement. On aimerait que notre personnage puisse saisir une roche pour s'agripper et prendre un chemin au milieu des ombres comme on peut le voir dans les films mais ce n'est hélas pas vraiment le cas. On sent que le level design est prédécoupé de manière à ce qu'il n'y ait pas vraiment de possibilité de varier les chemins. Pour grossir les traits c'est un peu comme dans les jeux de l'ère PS1 et PS2, quand un objet ou une porte dérobée était clairement visible et ressortait dans le décor.
Assassin's Creed sans les points positifs
Contrairement à un Assassin's Creed où le plaisir de jeu réside aussi dans la fuite après une infiltration ratée, ici un ennemi qui nous découvre est généralement synonyme de mort immédiate. Nous n'avons donc même pas le plaisir de jouer au chat et à la souris. Dans le même ordre idée pour les comparaisons, Gollum est capable de tuer via une attaque furtive mais cela prend beaucoup de temps et expose le plus souvent à un repérage en bonne et due forme. On finit donc à rester dans l'ombre et à jeter des cailloux pour distraire un orc et user de la vision furtive du personnage pour trouver le chemin à suivre. Une mécanique qui permet justement de mettre en surbrillance et de trouver son chemin facilement. Pourquoi ? On ne sait pas vraiment. Avec tout ça mis bout à bout, le Seigneur des Anneaux Gollum n'est pas très amusant à jouer et au bout de quelques heures on tourne en rond (dans tous les sens du terme). Surtout que le jeu n'offre aucune perspective d'évolution, pas d'arbre de progression ni de nouveaux outils à acquérir tout au long du jeu... Les capacités de Gollum sont uniformes du début à la fin de l'aventure et le seul point fort est finalement l'histoire qui permet d'en apprendre un peu plus sur ce curieux personnage. C’est mou, c’est long, et on se lasse de devoir échapper aux mêmes adversaires avec une IA très perfectible. Même lorsque le studio tente de varier et de pimenter l'expérience en proposant par exemple des alliés, ce n’est pas très inspiré. Le jeu ne révolutionne rien, pire il tourne fait un bond dans le passé. Difficile en effet d’apprécier l'expérience après avoir joué à des titres d'infiltrations plus modernes qui font tout en mieux.
Buggé jusqu'à l'os
Enfin le tout est un véritable champs de mines pour les bugs, il arrive assez fréquemment (sur PC du moins) de devoir redémarrer une séquence en raison d'un problème. Des personnages parlent et n'apparaissent pas dans le cadre lors Enfin le jeu est un véritable champ de mines du côté des bugs, il arrive assez fréquemment (sur PC du moins) de devoir redémarrer une séquence en raison d'un problème. Des personnages parlent et n'apparaissent pas dans le cadre lors d'une cinématique, Gollum est bloqué dans un décor, on se retrouve coincé dans le menu sans pouvoir rien faire, la caméra se décale en pleine séance d'infiltration... C'est une succession sans fin de bugs qui viennent plomber l'aventure et gâcher l'expérience qui n'est déjà pas très enthousiasmante si l'on est pas à minima, un fan ultra de Tolkien.